Bois du Rocher : nos lisières en danger

A Saulx-les-Chartreux beaucoup d’entre nous se sont déjà baladés dans la Forêt Départementale du Rocher. Cet espace de verdure et de biodiversité située sur une butte entre le plateau de Nozay et la plaine de Saulx, accueille une faune et une flore importante. Cette forêt fait partie de l’ensemble « des Buttes de Hurepoix ».

Acquise à partir des années 1970, elle est classée Espace Naturel Sensible. Il s’agit d’une mesure prise par les Départements. Elles visent à préserver la qualité des sites, des paysages, des milieux et habitats naturels ainsi les champs naturels d’expansion des crues.

Nous ne pouvons pas ignorer que la cohabitation entre la ville et la forêt soulève de nombreux enjeux écologiques.

Il est de notre intérêt à tous que l’impact environnemental de cette urbanisation soit maitrisé.

Récemment, un permis de construire a été accordé à la SNC IP1R, sur le « site ITM », au sud de notre commune. Ce site se trouve à aux abords de la forêt. Or, le projet, tel qu’il a été présenté lors de l’annonce de  la réunion publique parue sur Le Salucéen d’octobre 2018, informait la population de la construction de 24 pavillons. Aujourd’hui, le permis est accordé pour la construction de 29 maisons individuelles, soit 5 maisons et leurs parkings de plus !!

Ce permis de construire se conforme t-il à la règlementation du SDRIF (Schéma Directeur de la Région Ile-de-France) et du PLU (Plan Local d’Urbanisme) concernant les lisières de la forêt ?

Au sens du SDRIF, les espaces boisés permettent une production forestière et sont des espaces essentiels pour la biodiversité, des lieux de ressourcement pour les Franciliens, et de rafraîchissement de la métropole. Il prévoit que les lisières des massifs doivent être protégées : une distance de 50 mètres doit ainsi être respectée pour toute nouvelle urbanisation. En effet, les lisières permettent d’éviter les interactions directes entre l’urbanisation et la forêt.

Au sens du PLU, il est important de savoir que des règles concernant les Espaces Naturels Sensibles, comme la Forêt du Rocher sont  inscrites. Voici ce que nous dit le règlement du PLU : Article N/13 – Espaces libres, plantations

13.3 Lisières de forêt –  Sur les parcelles situées en limite du Bois du Rocher, les constructions doivent respecter une limite de protection inconstructible de 50m. Cette limite est indiquée au plan de zonage.

Est-ce que le recul de 50 m est respecté dans ce projet d’urbanisation ? On est en droit de se poser la question quand on voit comment sont intégrées les maisons dans leur environnement proche.

Quels sont les impacts sur la biodiversité ?

Recul de la forêt : Si la lisière est protégée de tous piétinements, elle assure une véritable protection de la forêt. En revanche, si elle est piétinée ou transformée, la forêt peut reculer. C’est souvent le cas à l’interface entre une zone boisée et un espace bâti trop proche. Cette lisière constitue une frange sensible. Elle connait soit un recul de la forêt par l’agression de l’urbanisation ou plus simplement de l’agression humaine, soit une véritable protection quand elle est préservée d’activités non naturelles. La distance de 50m correspond à la distance moyenne qu’il faut respecter si on cherche à protéger la forêt.

Impacts négatifs sur la faune et la flore : La lumière artificielle trouble les rythmes biologiques et modifie le comportement des espèces (orientation, déplacement, perturbations endocriniennes, hormonales et reproductrices). Ce dérèglement peut entraîner l’extinction des espèces, qu’elles soient attirées ou au contraire qu’elles fuient cette lumière.  Cette lumière artificielle est la deuxième cause d’extinction des insectes après les pesticides.

La pollution lumineuse est aussi une source directe de perturbation du cycle de vie des plantes : germination, croissance, floraison peuvent être altérées. L’éclairage artificiel a également des effets indirects sur la flore via la pollinisation. La flore, herbacée et buissonnante notamment, est en effet très dépendante des insectes pour sa pollinisation. Par conséquent, si ceux-ci se retrouvent impactés, en ricochet la flore le sera aussi car la pollinisation sera empêchée.

Les éclairages font également « croire » aux arbres que l’hiver est fini plus tôt que prévu. Ceux-ci voient leurs bourgeons s’ouvrir et, de ce fait, ils perdent leur bourre protectrice trop tôt. Ils sont alors à la merci du moindre gel un peu tardif. De quoi griller les plus sensibles au froid.

Impact sur le changement climatique : Préserver la diversité des espèces permet d’assurer le bon fonctionnement de l’écosystème de la forêt et sa capacité à faire face au changement climatique.

Démocratie participative ???

Le projet de construction sur le site ITM annonçait la construction de 24 pavillons. Pourquoi  avoir accordé un permis de construire pour 29 maisons individuelles ?

Il est de notre intérêt à tous à ce que l’impact de l’urbanisation soit maitrisé. Et pour cela nous devons interpeler la municipalité à respecter les lisières de la forêt. Nous sommes une association qui pense que chaque Salucéen doit être acteur de ce qui se passe dans sa ville et non spectateur.

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