Les points clés à retenir du rapport du groupe 3 du GIEC
GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat)
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Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC ou IPCC – Intergovernmental Panel on Climate Change en anglais) est l’organe international chargé d’analyser scientifiquement les changements climatiques. Il a été établi en 1988 par l’Organisation météorologique mondiale (OMM) et le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE -Programme des Nations Unies pour l’Environnement) en vue de fournir aux responsables politiques des évaluations scientifiques périodiques concernant les changements climatiques, leurs effets potentiels sur l’environnement et la société, ainsi que les solutions envisageables pour y remédier. Le GIEC ne produit donc pas de nouvelles recherches ; il fait le point sur l’état des connaissances, à partir de l’évaluation critique des éléments issus des publications scientifiques.
Les groupes de travail 1 et 2 du GIEC abordent respectivement l’état des lieux de la crise climatique, en proposant une synthèse des connaissances sur les climats passés, présents et futurs, et les impacts du changement climatique, en s’intéressant aux enjeux d’adaptation et de vulnérabilité des sociétés humaines, des écosystèmes et des systèmes socio-économiques.
Le 4 avril 2022, le groupe 3 du GIEC a publié son 6ème rapport. Consacré à la lutte contre le réchauffement climatique, il explore les pistes d’action à mettre en œuvre dès aujourd’hui pour limiter les dégâts liés à la crise climatique.
Après avoir fait le constat de la hausse continue des gaz à effet de serre et de l’intensification des événements climatiques extrêmes depuis la période pré industrielle, ce dernier rapport ne laisse aucun doute : il faut agir aujourd’hui et de manière radicale, au sein de tous les secteurs, si nous voulons limiter le réchauffement de la planète à 1,5°C.
1 – Une réduction drastique et immédiate de nos émissions de CO2 est nécessaire
Pour limiter le réchauffement à 1.5, il faudrait atteindre la neutralité carbone avant 2050. Pour rester sous 2 degrés, il faut baisser de 37% nos émissions d’ici la fin de la décennie, ou de 52% d’ici 2040 (24% et 37% pour le méthane). Et atteindre la neutralité en 2070 au plus tard.
2 – Les politiques climatiques actuelles sont loin d’être assez ambitieuses
17% de tous les gaz à effet de serre émis depuis 1850 ont été émis durant la dernière décennie. Nous émettons chaque année près de 60 milliards de tonnes de CO2, soit 12% de plus qu’en 2010 et 54% de plus qu’en 2000. Si cette tendance se poursuit, le monde se dirige vers 3.2 degrés de réchauffement climatique, et donc vers des conséquences écologiques, sanitaires, sociales et économiques catastrophiques.
3 – La fenêtre d’opportunité se réduit pour limiter les dégâts
Si l’on voulait avoir de bonnes chances de maintenir la planète sous 1.5 degré de réchauffement climatique, il ne faudrait pas émettre plus de 500 milliards de tonnes de CO2 supplémentaires. Le GIEC estime donc que pour mettre en œuvre une transition climatique réaliste à même de nous maintenir sous ces seuils, nos émissions devraient baisser en valeur absolue dès aujourd’hui, ou au maximum dans les 2 à 3 prochaines années. Chaque année supplémentaire que nous passons sans réduire nos émissions de CO2 augmente les risques climatiques, et augmente donc aussi les coûts qui devront être supportés par la collectivité à cause de ces risques climatiques.
4 – La sobriété est essentielle à la transition climatique
Pour faire baisser nos émissions, le GIEC insiste, et c’est une nouveauté de ce rapport, sur la notion de sobriété et sur la nécessité de maîtriser nos productions et nos consommations (d’énergie, de ressource, d’espace…) afin de limiter nos émissions de gaz à effet de serre et la dégradation de nos écosystèmes.
5 – Il faudra transformer radicalement nos systèmes énergétiques
L’urgence est de limiter l’usage de ces énergies polluantes. Pour se maintenir en dessous de 1.5 degré de réchauffement, il faudrait donc diminuer notre usage du charbon, du pétrole et du gaz d’environ 95, 60 et 45% respectivement d’ici 2050.
6 – Les villes et l’industrie doivent être moteurs de la transition climatique
La rénovation des bâtiments, la transformation des politiques de mobilité urbaine, l’électrification des transports, la transition vers les mobilités bas carbone (transports en commun, marche, vélo) : tout cela est plus simple et plus pertinent dans les espaces urbains et péri-urbains, où la densité permet des économies d’échelle. Accompagnés ou encadrés par la puissance publique, les secteurs industriels peuvent ainsi faire la transition vers les nouvelles technologies et les matériaux alternatifs, des processus bas carbone. L’industrie peut aussi contribuer aux efforts de transition climatique en participant à la réduction de la surconsommation en se tournant vers des modèles plus vertueux : économie circulaire, économie de la fonctionnalité…
7 – La gestion des espaces naturels sera au cœur de la neutralité carbone
Reforestation, préservation et entretien des puits de carbone, maintien des zones humides, transformation des pratiques agricoles et de la gestion des sols : toutes ces problématiques doivent être au cœur de la transition climatique et peuvent aider à absorber une partie du carbone excédentaire présent dans l’atmosphère.
8 – Le stockage du carbone sera indispensable
Pour compenser ces émissions résiduelles et atteindre malgré tout la neutralité carbone, il faudra donc recourir à des techniques de stockage du carbone. Ces techniques, qui peuvent-être « naturelles » (la reforestation par exemple) ou « artificielles » (comme la capture directe du carbone de l’air) devraient nous permettre d’absorber plusieurs centaines milliards de tonnes de CO2 au cours du prochain siècle, réduisant ainsi les risques de surchauffe de la machine climatique.
9 – La transition devra être sociale et démocratique
Tous les enjeux de la transition (transition énergétique, aménagement urbain, nouveaux modèles de consommation) ont en effet une forte dimension sociale, et impliquent de penser une transition « juste », permettant à chacun de s’engager dans la démarche.
10 – Agir maintenant est possible, rentable et aura de multiples bénéfices
Si la transition va demander un certain nombre d’efforts et de gros investissements, le coût global de la lutte contre le réchauffement climatique sera nettement inférieur au coût des conséquences climatiques que nous aurons à gérer si nous ne faisons rien.
Source : youmatter